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Interview de Caroline Chazard Meas - Promotion 1994

Interview

-

02/06/2015







   
   
   
Caroline CHAZARD MEAS a été diplômée de
    l’ESG Management School en 1994.
    Avocate inscrite au Barreau de Paris,
    elle réside et exerce, depuis 2002, à
    Hô-Chi-Minh-Ville, où elle cofonde en 2010
    le cabinet FIDAL ASIATTORNEYS.
 
   Découvrez son parcours et son expérience
    du Vietnam.
 

Avec l'aimable autorisation de Caroline Chazard Meas, nous reprenons une partie de ses propos publiés en juillet 2005 (no 44 du magazine Contacts, édité par ESG-ANCIENS) et en janvier 2014 (www.carrieres-juridiques.com).


ESG MS Alumni : Peux-tu nous décrire ton parcours professionnel ?

Caroline : Sortie de l’ESG un peu jeune, à 21 ans, j’ai souhaité compléter mon diplôme avec une formation complémentaire solide. Ayant apprécié le droit à l’ESG par son aspect très pratique dans le cadre de la vie d’entreprise, j’ai déposé un dossier à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Là, j’ai obtenu une équivalence pour passer le DEUG en 1 an puis ai suivi le parcours classique licence + maîtrise en m’orientant naturellement vers le droit privé des affaires. J’ai finalement obtenu une maîtrise en Droit privé des Affaires, mention carrières judiciaires, puisque je souhaitais préparer le CAPA (Certificat à la Profession d’Avocat). Après avoir passé les concours et suivi une formation complémentaire à l’Ecole de Formation du Barreau (EFB), j’ai commencé à exercer dans des Cabinets orientés Droit des Affaires, où j’ai traité principalement des dossiers de Droit des Sociétés, Contrats et Droit du Travail.

Pourquoi avoir choisi d'exercer au Vietnam ? Quels étaient les débuts de cette
aventure ?


Le choix était d’abord celui de l’international, de sortir de France, voir ce qui se passait ailleurs, comment on travaillait dans d’autres pays, dans un contexte pluri-culturel.
Ensuite, le choix s’est porté sur l’Asie, zone économique montante dans laquelle il semblait excitant d’évoluer, plutôt que dans une France paraissant « en baisse » avec une mentalité déplorable vis-à-vis de la notion de travail et des valeurs qui y sont attachées.
Enfin, le Vietnam plutôt qu’un autre pays de la zone car mon époux en parle la langue, ayant des parents d’origine vietnamienne. Nous y avions fait un voyage d’un mois l’année précédente, à la suite duquel le projet d’expatriation avait mûri.

J’ai d’abord commencé en tant que collaboratrice en acceptant un salaire deux fois moins important que celui que j’avais auparavant en Europe. Puis je me suis vue confier les aspects financiers et de gestion du cabinet. Je suis finalement devenue associée en charge des bureaux de Singapour puis de Hanoï avant de monter mon propre cabinet, Fidal Asiattorneys, en partenariat avec Fidal à Ho-Chi-Minh Ville. En 8 ans, je suis passée du statut de collaboratrice à celui d’associé fondateur d’un nouveau cabinet, même si je ne l’avais pas du tout prévu !


Comment t'es-tu acclimatée à la culture de ce pays, à sa langue, à sa population ?

Comme dans toute expatriation, il faut arriver avec un esprit très ouvert et surtout éviter les comparaisons systématiques avec ce que l’on connaît, nos références habituelles. Il faut se
« reformater ». Une fois retrouvé une vie quotidienne relativement stable, on réintègre nos habitudes petit à petit, dans la mesure où elles sont compatibles avec notre nouvelle vie.
L’important est de ne pas oublier nos exigences dans le travail, l’esprit cartésien français et nos méthodes d’organisation. On doit adapter notre style de gestion, en renforçant tout ce qui est procédure de travail, et en multipliant les contrôles. En fait, on ne peut rien déléguer totalement. Il y a des jours où c’est un peu usant. Mais les Vietnamiens ont envie d’apprendre, ont une réelle envie de progresser, et n’hésitent pas à travailler pour y arriver.
Ayant la chance d’être douée en langues, j’ai appris à parler le vietnamien « sur le tas », en écoutant, en étudiant des manuels de langues, en posant des questions, bref en étant curieuse de ce qui m’entourait. J’utilise le vietnamien de la vie courante et un peu à titre professionnel, mais compte encore  sur mon associé et notre équipe bilingue dans le cadre de mon exercice professionnel !


Le Vietnam est un pays en plein développement qui s’ouvre davantage à l’Occident. Quels secteurs sont susceptibles de recruter de la main d’œuvre occidentale ?

Tous secteurs d’activité confondus, ce sont les postes hautement qualifiés à forte technicité,
pour lesquels les Vietnamiens ne sont pas formés, ou pas aux standards requis dans le cadre d’une activité internationale, ainsi que les postes de direction des sociétés à investissement étranger. Il faut savoir que le Vietnam a adopté une politique protectionniste vis-à-vis de son marché de l’emploi, renforcée comme dans beaucoup d’autres pays depuis la crise mondiale de 2008. Un étranger ne peut être embauché que si les travailleurs vietnamiens ne présentent pas les compétences nécessaires. Même si le plafond à l’embauche d’employés étrangers en terme de pourcentage n’existe plus, les formalités du permis de travail ont été complexifiées et systématisées. Les candidats présentant des compétences techniques spécialisées et/ou de haut niveau ont toutes leurs chances.


Comment se distinguer pour une première expérience à l’étranger ?

Etre déjà sur place est important car le contact visuel avec le recruteur est primordial, dans la mesure où, nous par exemple, ne proposons que des stages d’au moins 6 mois ; nous voulons donc être sûrs de nous entendre avec la personne. Ensuite, il faut avoir un attrait particulier pour la culture locale, éventuellement des origines asiatiques ou parler la langue du pays. Enfin, il faut avoir un profil de très bon niveau, avec notamment une double-compétence dans un secteur d’industrie.

Que conseilles-tu à ceux qui souhaitent s’installer et travailler au Vietnam ?

Aller travailler dans une entreprise déjà installée (stage, VIE, CDD ou CDI) ou s’implanter dans le cadre d’un projet personnel est toujours une expérience passionnante. L’important est de bien la préparer, savoir que ce ne sera pas facile tous les jours, mais que, quoi qu’il arrive, on en ressortira enrichi et plus solide. Que ce soit pour le Vietnam ou pour n’importe quel pays qui vous tente, allez consulter les sites Internet de la Mission Economique de l’Ambassade de France (via le Ministère des Affaires Etrangères) et de la Chambre de Commerce française implantées sur place (via l’union nationale UCCIFE). Cela vous apportera des éléments techniques sur le pays, et vous pourrez envoyer votre CV ou avoir connaissance des offres d’emploi. Pour en sentir l’atmosphère, entrez en contact avec des gens qui y sont depuis quelques années, effectuez un premier voyage en tant que touriste, et puis approfondissez !
Malgré le coût de la vie plus bas au Vietnam qu’en France (même si ce dernier a augmenté de manière significative), il y a généralement un sacrifice de montant de rémunération à accepter en arrivant là-bas. En revanche, on évolue beaucoup plus rapidement, et on peut se voir confier des fonctions qui ne correspondent pas forcément à notre expérience passée. En France, on est très catégorisé sur un type de profil.


Quelles sont les différences d’exercice de la profession entre la France et l'Asie ?

La différence majeure est que l’on ne plaide plus, on n’a plus qu’une activité de conseil, à part quelques cas d’arbitrage. D’autre part, ici, les clients ne s’arrêtent pas à la simple prestation juridique, le service va bien au-delà du conseil juridique, on est interrogé dans leur stratégie, on les accompagne dans leurs projets personnels. On leur fait aussi une introduction aux pratiques culturelles du pays, les pratiques des affaires. On les aide à s’introduire dans le milieu des affaires. C’est un accompagnement encore plus personnalisé qu’en France au sens où l’on entre dans la vie privée du client, un peu à l’américaine. Le revers de la médaille est que la frontière entre vie privée et vie professionnelle n’existe quasiment plus. Les clients deviennent copains, les copains deviennent clients. C’est l’Asie. Les clients, surtout asiatiques, appellent très tôt le matin. Une fois, j’ai reçu un appel le dimanche à 6h du matin pour nous demander d’organiser une due diligence dès 8h le lendemain. Avec le décalage horaire, on a parfois des entretiens avec des clients en Europe, même s’il est 22h30 pour nous. En revanche, ce qui est très intéressant, comme c’est une zone en pleine expansion, on voit naître beaucoup de projets. C’est très gratifiant d’être sur du conseil en accompagnement et financement de projet, très constructif, c’est dynamisant.

Quel souvenir gardes-tu de tes années passées à l’ESG ?

C’était le début de ma vie étudiante, l’année de prépa étant une année préparatoire, une parenthèse obligée qui n’a d’autre but que d’apprendre à travailler de façon intense… Ce qui sert beaucoup par la suite, il faut le reconnaître !
Ce sont donc des souvenirs de début de vie d’adulte, d’amitiés…artificielles et réelles. Les
groupes formés pour l’élection BDE se défont très vite (ma liste avait été élue, mais les querelles internes saccagent tout), d’autres amitiés se nouent et subsistent.
Ce sont ensuite des souvenirs de formation générale à la vie économique, et de compétences plus spécialisées, dont je tire encore bénéfice. Grâce à ma double formation droit + école de commerce, je bénéficie d’une très bonne connaissance du monde de l’entreprise qui renforce mes compétences en matière de conseil et contentieux en droit des affaires. Cette approche globale et la faculté de comprendre l’impact d’un choix juridique sur tous les services de l’entreprise, tout en synthétisant les difficultés, est essentielle dans la compréhension des souhaits et des attentes de nos clients.


Quels sont tes projets professionnels ?

Développer ce Cabinet au Vietnam et dans la région de l’Asean, contribuer à l’amélioration du Commerce Extérieur de la France en aidant les entreprises à exporter leurs produits vers l’Asie du Sud-est, au rayonnement de la France en général en apportant un appui de qualité aux entreprises souhaitant se développer à l’international.

Envisages-tu de revenir en France un jour ?

Tant que ma présence sur place et nécessaire et que je continue à m’y plaire, je ne me pose pas la question ; ce sont souvent des considérations familiales (enfants faisant leurs études supérieures en France, parents vieillissants…) qui peuvent modifier la donne. Le temps le dira, donc !
 



Le cabinet FIDAL ASIATTORNEYS, installé à Ho Chi Minh Ville, cœur économique du Vietnam, a été fondé par Albert Franceskinj et Caroline Chazard Meas, avocats au Barreau de Paris et par FIDAL société d’avocats au Barreau de Nanterre. L’activité est organisée autour du droit des affaires avec une double pratique du conseil et du contentieux dans des domaines d’exercice et des secteurs d’activités suivants : Industriel (agroalimentaire, équipement, mobilier, pharmacie), Foncier et immobilier (construction et développement de projets), Droit de la santé, Distribution (produits pharmaceutiques et vétérinaires, parfums et cosmétiques, produits de luxe, grande distribution), Assurance, Droit bancaire et financier, Tourisme (développement et exploitation de projets hôteliers, activités de loisirs, agences de voyage)... Sa clientèle est constituée de sociétés européennes et asiatiques, ainsi que d’organisations internationales et représentations diplomatiques.


FIDAL ASIATTORNEYS | www.asiattorney.com
Suite 2101-2102 Saigon Trade Center
37 Ton Duc Thang- District 1 - Ho Chi Minh Ville - VIETNAM


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