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Interview de Frédéric Boulay - Promotion 1993

Interview

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19/02/2016








Frédéric Boulay (PSB 1993), riche de son expérience en marketing, mais aussi de sa double nationalité franco-mexicaine, met son énergie et ses idées au service de ces deux pays. Directeur de la Fondation Vivir con Salud et conseiller du commerce extérieur de la France au Mexique, il s’adonne avec passion aux initiatives sociales et sanitaires de sa seconde patrie.
 


PSB Alumni : Quel a été ton parcours professionnel depuis la sortie de PSB (ex-ESG) ?

Frédéric : J’ai débuté comme stagiaire au département Marketing chez Dole Food Company, leader mondial des fruits et légumes. Après quelque temps, j’ai été promu responsable événementiel à Paris pour Dole Europe, avec pour l’objectif de démontrer l’importance des fruits dans le sport, au travers de manifestations sportives (FunDole Championnat de planche à voile, sponsoring sportif à Roland Garros, à Paris-Dakar, Régates de trois-mâts anciens au festival de Cannes…).
Plus tard, j’ai pris des fonctions de directeur du marketing chez Pom’Alliance, à Mallemort de Provence, puis à Rungis, avant de rentrer chez Yoplait International. J’y ai été en charge du marketing des franchisés en Amérique du Sud, pour accompagner le lancement des produits Yoplait sur des marchés en développement.
Je me suis fait alors chassé par un fournisseur du Centre de recherche André Gaillard, qui m’a confié la création d’une filiale mexicaine de conseil en nutrition et santé. J’ai donc fait mes bagages pour me lancer dans cette aventure, qui a finalement duré 10 ans.
En 2003, j’ai décidé de fonder mon propre groupe de PME, autour de mes passions : une dans l’éco-tourisme sportif, une dans le conseil santé pour entreprises, une société de commercialisation de produits gourmets alimentaires français et une fondation pour aider les plus démunis sur des problématiques de santé publique.

Pourquoi avoir choisi de t'installer au Mexique ?

D’abord, car mon épouse est mexicaine. Ensuite, parce que les gens, le climat, l’histoire, la géographie m’intéressaient, parce que les opportunités là-bas sont énormes et, finalement, parce qu’avec ce que je sais faire, je peux servir ce pays que j’aime. J’ai adopté la nationalité mexicaine en 2010. J’ai investi localement sur des projets qui me plaisent.
Au Mexique, l’impossible est parfois possible et le possible est souvent impossible.
 

"Au Mexique, l’impossible est parfois possible et le possible est souvent impossible."


Tu t’impliques dans les questions de santé publique au Mexique depuis des années. Quelles sont les principales actions que tu as pu réaliser ?

Au Mexique, de nombreuses difficultés sanitaires et sociales persistent : problèmes de diabètes, de surpoids, d’hypertension, de manque d’activité physique, de croyances erronées, de publicités mensongères, d’aliments miraculeux, d’auto-perception, d’information consommateurs…
Pour faire face à ces problématiques, nous avons réalisé en 12 ans plus de 200 projets, pour plus de 100 000 000 de pesos [près de 5 millions d’euros]. Parmi ces projets, de nombreuses campagnes des grandes marques, telles que Danone, Sanofi, Nestlé, Ferrero, Sigma Alimentos, ou encore Pepsico.
Nous avons en outre réalisé, avec le Ministère de la santé, des études cliniques, des publications scientifiques et des programmes de santé publique.

Peux-tu nous en dire plus sur la Fondation Vivir con Salud que tu diriges ?

C’est le petit dernier parmi mes projets, mais peut-être celui qui me tient le plus à cœur. Nous avons commencé à travailler avec l’aide de l’industrie sur des problématiques d’autorégulation publicitaire. Puis, nous avons réalisé des campagnes de communication publique sur la santé et sur la nécessité de se prendre en main. Finalement, nous avons noué un accord avec Essilor, pour opérer son programme social de « Lunettes pour tous ».
Près de 60 % de la population au Mexique vit encore avec 2 USD par jour et un niveau scolaire primaire. Ils ont besoin de tout ! Près de 35 000 000 de Mexicains n’ont pas de lunettes, soit faute de moyens, soit par manque d’opticiens dans les villages ou encore car ils ont peur des médecins.
Nous avons distribué l’année dernière 22 000 paires de lunettes et espérons en distribuer 50 000 cette année. Nous travaillons avec tous les systèmes sociaux, privés et publics : l’Eglise, des fondations, des restaurants pour les plus pauvres, des communautés soutenues par certaines entreprises dans le cadre de leur programme de responsabilités sociale… Nous avons en outre géré un wagon optometrie dans le train de la santé de la fondation Grupo México. Le système est unique : Essilor l’appelle « inclusive business ». Afin d’assurer la pérennité du projet et son indépendance budgétaire, Essilor vend au cout réel, sur des produits d’entrée de gamme, ce qui demande une « cuota de recuperación » de 100 pesos par patient, uniquement s’il repart avec ses lunettes. Le système « ready to clip » permet de remettre la solution directement après le diagnostic, sans que le patient soit obligé de revenir.


    


As-tu de nouveaux projets ?

Oui, des tas ! Le temps et les moyens manquent parfois, mais cela nous n’arrête pas : travailler pour les autres est la meilleure des activités. Il y a un temps pour tout, mais si l’on peut faire du bien et, en plus, de manière aussi massive, il faut foncer ! Ces opportunités ne se présentent pas deux fois dans une vie.
Nous aimerions créer prochainement des unités mobiles pour pénétrer dans les coins les plus reculés du Mexique et offrir aux femmes sans travail une formation pour qu’elles puissent nous représenter localement, en créant ainsi leur propre activité lucrative.
Ce qui nous anime c’est le sourire des personnes âgées ou des enfants qui retrouvent une meilleure vue grâce à nous. C’est grisant, spectaculaire et immédiat. Ce sont ces médailles invisibles qui forgent notre motivation.


"Ce qui nous anime c’est le sourire des personnes âgées ou des enfants qui retrouvent une meilleure vue grâce à nous."


En quoi consiste ta mission auprès de la Chambre de Commerce Franco-mexicaine ?

J’ai été pendant six ans conseiller à la Chambre. Actuellement, membre de la Chambre, je suis aussi conseiller du commerce extérieur. Ces rôles plutôt politiques ou diplomatiques qu’opérationnels, me permettent d’être en contact avec le tissu économique du pays, de me faire des contacts, d’aider les nouveaux arrivants, d’apporter des idées, des projets… Je peux ainsi travailler avec la communauté française, forte de près de 35 000 personnes, et de rapporter à la France, avec l’aide de la mission économique de l’ambassade, les chiffres réels de l’évolution locale des marchés. Je n’ai jamais oublié que c’est la France qui m’a formé et je me sens en quelque sorte redevable envers mon pays.
Il y a aujourd’hui plus de 400 entreprises françaises installées au Mexique. Or, il pourrait y avoir beaucoup plus, mais on croit encore trop souvent que le Mexique est exotique et loin des priorités internationales.

Y-a-t-il au Mexique des opportunités professionnelles pour les jeunes diplômés des écoles de commerce ?

Enormément, mais il faut savoir se remonter les manches et accepter des conditions sociales très dures (pas de chômage, pas de retraite, 6 jours de vacances la première année, une semaine de 48 heures, et des salaires de 500 euros au plus).
Toutefois, la qualité de vie y est incroyablement plaisante.
La formation française est bonne ; celle de l’ESG m’a, sans aucun doute, servi et préparé pour une telle aventure.
Il faut être curieux, aimer voyager, savoir donner pour recevoir, aimer la vie et les contacts, se lancer sans crainte mais avec des idées claires.

Quels autres conseils pourrais-tu donner aux étudiants qui souhaitent débuter leur carrière à l’international ?

Apprenez d’abord à travailler dans un univers compétitif. Ne demandez pas la lune. Ecoutez et informez-vous, maîtrisez la langue et découvrez la culture, mais ne croyez jamais tout savoir.
En arrivant au Mexique, oubliez votre confort européen et évitez de comparer votre aventure aux expériences différentes. Ici, le soleil brûle les ailes, mais tanne les peaux des novices. Si certains s’en iront déçus, d’autres découvriront une chaleur et une humanité sans pareil.
 





www.vivirconsalud.org Facebook  |  f.boulay@vivirconsalud.org


 

 
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